Moins de députés : oui mais...

Publié le 25 Mai 2018

Il ne faut pas aller trop loin dans la volonté de réformer nos institutions. On court un vrai risque d’avoir un parlement éloigné de la population. Issu du suffrage indirect, le Sénat dit la même chose.
Au sein des Républicains, nous aurions nous aussi réduit le nombre de parlementaires mais pas de manière aussi tranchée. Les sièges de 11 parlementaires à l’étranger seraient supprimés. Encore plus inquiétant, une soixantaine de sièges de députés seraient élus au suffrage proportionnel. Si la réforme passe en l’état, chaque parlementaire aura une circonscription supérieure à 230.000 habitants. Aujourd’hui c’est 130.000 en moyenne. D’après la première carte donnée dernièrement par le ministère de l’Intérieur, on passerait de 6 à 3 députés dans le Loiret. On imagine deux députés sur la métropole orléanaise et un pour un territoire qui irait du Pithiverais au Giennois. S’ajouterait pour ce département un élu à la proportionnelle présenté sur une liste nationale.
Cette proportionnelle est dangereuse au sens où l’on voit arriver des gens qui ne sont pas du terrain, mais présentés par un parti politique. Ce sera des nominations d’apparat chiks. Or sous la Ve République, à part l’exception de 1986 avec de la proportionnelle, les députés élus ont tous été issus de la proximité. Avoir des parlementaires éloignés du terrain et plus encore de la ruralité ne va pas dans le bon sens. Dans ce cas de figure encore, on retrouve le risque de donner des avantages aux métropoles au détriment des textes à légiférer. Mais nous devons tout autant écouter le territoire dans lequel on vit pour connaître ses problèmes et faire remonter au plus haut niveau les sujets majeurs dans tous les domaines : de la société, de l’agriculture, de la consommation…
N’oublions pas qu’on joue aussi un peu le rôle d’assistante sociale. Nous recevons à nos permanences beaucoup des gens qui ont des difficultés. Qui le fera lorsqu’on sera parlementaire non plus issu de la proximité mais accaparé à Paris ? Issus de listes portées par des partis politiques et non pas des listes issues de la proximité, de nombreux parlementaires ne connaîtront pas la moitié des communes de leur grande circonscription. Et face à un bassin de 230.000 habitants, je doute qu’ils aient le temps de répondre à leur devoir d’écoute.

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Moins de députés : oui mais...

Rédigé par Jean-Pierre Door

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